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Le pouvoir inexploité de la diplomatie économique : ouvrir les portes aux PME tunisiennes en Afrique

L’Afrique représente un marché de plus d’1,3 milliard de consommateurs, un chiffre qui souligne l’immense potentiel de ce continent pour les entreprises. Pourtant, de nombreuses Petites et Moyennes Entreprises (PME) tunisiennes peinent encore à concrétiser leurs ambitions africaines. Pourquoi un tel écart entre promesses et réalités ? La réponse réside en partie dans un outil stratégique mais souvent négligé : la diplomatie économique. Comment cet ensemble d’actions peut-il véritablement ouvrir les portes de l’Afrique aux PME tunisiennes, et comment les entreprises peuvent-elles en tirer parti ?

 

Comprendre la diplomatie économique

La diplomatie économique est un concept multidimensionnel. Essentiellement, il s’agit de l’utilisation des outils diplomatiques et des relations internationales pour promouvoir les intérêts économiques d’un pays. Cela englobe un large éventail d’activités, allant de la négociation d’accords commerciaux à la promotion de l’investissement, en passant par le soutien aux entreprises à l’étranger.

À la différence de la diplomatie traditionnelle, centrée sur les enjeux politiques, la diplomatie économique place les échanges commerciaux, les flux financiers et la coopération économique au cœur de son action. Les acteurs impliqués sont également divers : gouvernements, ambassades, organisations internationales, chambres de commerce, et bien sûr, les entreprises elles-mêmes.

 

Les défis des PME tunisiennes à l’international

L’internationalisation offre des perspectives de croissance considérables, mais elle s’accompagne de défis spécifiques pour les PME tunisiennes.

  • Le manque d’information et de réseaux : Identifier les opportunités, trouver des partenaires fiables, comprendre les spécificités culturelles et commerciales de chaque marché… Tout cela représente un investissement en temps et en ressources que les PME ne peuvent pas toujours se permettre.
  • Les barrières commerciales et réglementaires : Les tarifs douaniers, les normes techniques, les réglementations complexes et les procédures administratives peuvent constituer des obstacles importants à l’entrée sur les marchés africains. Naviguer dans ces environnements exige des connaissances et des ressources considérables.
  • La compétitivité : Les PME tunisiennes doivent faire face à une concurrence accrue sur les marchés africains, tant de la part des entreprises locales que des multinationales. Pour réussir, elles doivent proposer des produits ou services innovants et de haute qualité.
  • L’accès au financement : Obtenir les ressources financières nécessaires pour se développer à l’international reste une difficulté majeure pour de nombreuses PME. Les banques peuvent être réticentes à financer des opérations à l’étranger, et les dispositifs de soutien financier ne sont pas toujours adaptés à leurs besoins.

 

Le rôle crucial de la diplomatie économique

La diplomatie économique peut jouer un rôle déterminant pour aider les PME tunisiennes à surmonter ces défis et à saisir les opportunités offertes par le continent africain.

  • Facilitation de l’accès aux marchés africains : La diplomatie économique peut contribuer à ouvrir les marchés en négociant des accords commerciaux préférentiels, en réduisant les barrières tarifaires et non tarifaires, et en promouvant activement les produits et services tunisiens auprès des acheteurs étrangers.
  • Réduction des barrières et négociation d’accords : Les accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux sont essentiels pour créer un environnement commercial prévisible et favorable. La diplomatie économique est au cœur de leur négociation et de leur mise en œuvre.
  • Promotion des partenariats et des investissements : La diplomatie économique peut faciliter la mise en relation des entreprises tunisiennes avec des partenaires africains, encourager les investissements directs étrangers et soutenir la création de coentreprises. Ces partenariats peuvent permettre aux PME de partager les risques et les coûts de l’internationalisation, tout en bénéficiant de l’expertise et des réseaux de leurs partenaires.
  • Soutien à la prospection et à la mise en réseau : Les missions commerciales, les foires internationales et les événements de réseautage organisés par les gouvernements et les organisations internationales offrent aux PME tunisiennes des occasions précieuses de découvrir de nouveaux marchés, de rencontrer des acheteurs potentiels et de nouer des contacts avec des partenaires commerciaux.

 

Exemples concrets et bonnes pratiques

De nombreux exemples illustrent l’efficacité de la diplomatie économique pour soutenir l’internationalisation des PME.

  • Au niveau régional, l’intégration économique croissante au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) crée de nouvelles opportunités pour les PME tunisiennes. La diplomatie économique joue un rôle clé pour faciliter la mise en œuvre de cet accord et en maximiser les bénéfices pour les entreprises.
  • Au niveau bilatéral, les accords commerciaux entre la Tunisie et certains pays africains ont permis de stimuler les échanges commerciaux et de créer des débouchés pour les produits tunisiens.
  • Les initiatives de coopération technique et financière, soutenues par des organisations internationales et des pays développés, peuvent également contribuer à renforcer les capacités des PME tunisiennes et à les aider à se préparer à l’internationalisation, à l’instar du projet Qawafel, financé par l’Agence Française de Développement et mis en œuvre par Expertise France.

 

Renforcer la diplomatie économique tunisienne

Pour maximiser l’impact de la diplomatie économique au service des PME, il est essentiel de renforcer les capacités et la coordination des acteurs tunisiens.

  • Coordination entre acteurs publics et privés : Une collaboration étroite entre le gouvernement, les ambassades, les agences de promotion du commerce, les chambres de commerce et d’industrie, et les organisations professionnelles est indispensable pour définir des stratégies cohérentes et mettre en œuvre des actions efficaces.
  • Développement de compétences et d’outils spécialisés : La diplomatie économique exige des compétences spécifiques en matière de négociation, de communication interculturelle, d’analyse de marché et de gestion de projet. Il est important de former des professionnels compétents et de mettre à leur disposition des outils d’intelligence économique et de veille stratégique.
  • Priorités stratégiques pour l’Afrique : La Tunisie doit définir des secteurs prioritaires et des pays cibles en Afrique, en tenant compte de ses avantages comparatifs et des opportunités offertes par les différents marchés. Une approche ciblée permettra de maximiser l’impact des actions de diplomatie économique.

 

Conclusion

La diplomatie économique représente un levier puissant pour accélérer l’internationalisation des PME tunisiennes et renforcer leur présence sur le continent africain. En combinant les efforts des acteurs publics et privés, en développant des compétences spécialisées et en adoptant une approche stratégique, la Tunisie peut aider ses entreprises à saisir pleinement les opportunités offertes par l’Afrique et à contribuer à la croissance économique du pays. Il est temps d’agir avec détermination pour faire de la diplomatie économique un moteur clé du développement des PME et de la prospérité de la Tunisie.

Références :

Publié le 1 juin par Mazen AL KASSEM, Expert technique et chef du projet Qawafel

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